Splash of Colours N° 11
« Nous recherchons encore le paradis
terrestre pour le rendre à notre mère Ève. »
– Corto Maltese
Cara Soror Alice,
Do what thou wilt shall be the whole of the Law.
Tout est en thou.
Apprends, dit la belle déesse Nuit, à ne compter que sur toi : < Thou knowest ! > (AL 1, 26) – c'est-à-dire, traduit du divin en jargon chamanique : " L'animal du haut sur ton totem sait ce qu'il fait " – Du reste, tu n'as pas le choix : < thou hast no right but to do thy will > (AL 1, 42). (1)
Ou, ainsi que le proclame l'auguste fils de Nuit, – le < mystical Lord >, Ra-hoor-khuit (AL 3, 34) : < Vous vous tenez entre l'abîme des hauteurs et l'abîme des profondeurs. En chacun vous attend un Compagnon ; et ce Compagnon est Vous-même. Vous ne pouvez avoir aucun autre Compagnon > (Tzaddi, 33-35).
Un peu âpre, allez-vous dire ? – Non ! – Car ces augustes paroles de Ra-hoor-khuit équivalent, religieusement, au Fuck le Démiurge que suggéra, dans le Jardin d'Eden, le serpent Hadit à notre mère Ève.
(La Gnose enseigne que Dieu a un Iznogoud – le "Démiurge", ou "Grand Magicien", appelé Saklas, ou Hyster, par les Caïnites, puis par les Cathares (2) ; personnifié, dans le Livre d'Esther, – texte fondateur du Judaïsme proprement dit, sous son double aspect, "Mal" et "Bien", de Haman et de Mardochée (3) ; défini, par Sir Shumule, comme un "mix de Big Brother, de maton et d'Ubu" (4) ; affublé, par le Nahash Hadit, notre Maître, du sobriquet " Because " (5) [ AL 2, 27-33 ] .)
Fuck le Démiurge, donc ! L'homme est seul, dans un monde sans Surmoi (ainsi qu'il est écrit : < I am alone : there is no God where I am. > [AL 2, 23] ), c'est-à-dire sans lourd control freak pour décréter un " Because ! " arbitraire.
Les Images qui peuplent les autels ne sont que des expédients, comme le " morceau de sucre qui aide la médecine à couler " cher à Mary Poppins – c'est le sens de < The other images group around me to support me > (AL 3, 22).
Le Grand Œuvre est au-delà de la foi : < certainty, not faith > (AL 1, 58) – et c'est < folly > que s'arrêter aux Ecritures ( AL 1, 36).
Un autre monde ? – Non – Dire : " Il suffit de mourir et je vivrai dans quelque dimension lointaine pour toujours, sans avoir à revenir sur Terre ", c'est comme dire : " Il suffit de coucher avec le producteur pour devenir une superstar " : ce serait trop facile et trop beau : c'est sur Terre que l'on jouit des délices du Paradis ; sur Terre, que l'on purge son Purgatoire ; sur Terre, que l'on subit les tourments de l'Enfer – c'est sur Terre que tu deviendras un dieu si tu en es capable, comme il est écrit : < while in life > (AL 1, 58).
Ce que tu comprendras d'intuition, c'est l'Unicité Divine cachée derrière la multiplicité affolante des phénomènes, et que révèle l'unité (ou plutôt l'union passionnée) des contraires – l'équivalence d'Aziluth et d' Assiah, l'identité de l'Absolu (Nuit) et du Devenir Incréé (Hadit) : < We are one ! > (AL 2, 66)
Or l'Un, – le Dieu dont il est écrit : < One is Thy Beginning ! One is Thy Spirit, and Thy Permutation One ! > (Ara 1, 0), et < Say thou that He God is one ; God is the Everlasting One ! > (Ara 3, 0), et < There is One God alone > (Ara 4, 1), – l'Un, dis-je, le Seul Dieu, est le Perpétuel Orgasme Synchrone par lequel, en l'inextricable et brûlante étreinte de la déesse Nuit et du dieu Hadit, l'univers est recréé à chaque nanoseconde, comme il est écrit : < there is no other God than me, and my lord Hadit > (AL 1, 21).
Le pays de Thélème, c'est notre monde vu d'un œil pur – du latin puer, un enfant – < It's all about the Child > a déclaré Ouarda, 1ère Femme Ecarlate de Thelema, en entrant dans la Transe qui inaugurait le Cairo Working, c'est-à-dire la remise de la Loi à l'humanité.
Or, le Puer Æternus est Heru-ra-ha, le dieu du Soleil – d'où la parole de Frater Achad : < La Voie se résume à s'efforcer de tout observer du point de vue du soleil. >
Le premier commandement de la Loi est < Sois Hadit ! > (AL 1, 6) : le monde est la Circonférence dont je suis le Centre – c'est pourquoi Heru-ra-ha, en tant qu'autorité temporelle suprême, est appelé Ra-hoor-khuit : littéralement, Seigneur-Soleil-de-l'Horizon.
D'où, aussi, le vieux shumulisme : " Combien de Thélémites faut-il pour changer une ampoule ? – Réponse : un seul – il tient l'ampoule et laisse le monde tourner autour de lui. "
Renaître, donc, dans ce monde même – après l'intermède atemporel de la "mise en charge" de l'âme dans l'extatique Au-delà post-dissolution, qui est < none > (AL 1, 27 ; 2, 44) – Cette vie (< two >), sinon rien (< none >) (AL 1, 28).
Nuit est < above > (AL 1, 14) : désormais, le Démiurge est mort, fût-ce dans son rôle face de Mardochée : suite et fin de l'illusion consolante – qui fit tant tiquer la reine Esther – d'un Superdaddy si foncièrement bien qu'on ne lui tient pas rigueur de nous envoyer froidement au carnage.
Dans le nouvel Æon, en effet, la compassion n'est plus du tout promise aux blessures du cœur : < Merccy let be off > (AL 3, 18) – Elles sont guéries par la joie : < the joys of my love will redeem ye from all pain. > (AL 1, 32) – et < Pourquoi ? A cause de la chute de Because, parce qu'il n'est plus là > (AL 3, 20).
La Loi de Thélème enseigne la façon la plus prompte ( < Before an hour hath struck upon the bell > ( Tzaddi, 30)) de n'être pas malheureux : ne plus avoir pitié de soi – < Damn them who pity ! > (AL 3, 18)
Un monde où existent des ornithorynques, des plantes carnivores mauves et des aurores boréales n'est pas un monde sérieux – tout le chatoyant, numineux, délirant – funky, sexy, punchy – spectacle de la Création témoigne que le Nahash Hadit n'en conçoit, effectivement, chaque phénomène que sous l'influence du vin et de drogues étranges (AL 2, 22) – Par la Sainte Stèle ! J'ignore quel cru et quelle variété de psychotropes il avait ingérés quand l'idée de la mer de corail et celle du golf de Naples lui sont venues, mais j'en veux !!!
N'importe comment, Hadit est un serpent (AL 2, 22; 26) : sa formule est la mue – Ce monde est, par conséquent, fait de mort et de renaissance perpétuelles ; dans un décor de type splash of colours dionysiaque, avec des super nanas partout et la possibilité de se faire servir un tournedos Rossini, parce que ce serpent est celui qui donne les Délices (AL 2, 22).
< Je suis la Vie >, dit-il, < et le dispensateur de Vie, or par conséquent, me connaître, c'est connaître la mort > (AL 2, 6) – Ce monde de naissance et de mort, c'est donc précisément la Vie du Nahash Hadit – Rejeter le monde, c'est oublier que Hadit est un serpent – s'attacher à ce monde, c'est oublier que ce serpent a des ailes.
Ce que méditant, allez, chère Alice, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons Dieu.
Love is the law, love under will.
– Sir Shumule, 23 octobre 2023 e.v.
(1) Mon Maître très-aimé suggère, à ceux qui ont répondu au Test du Totem, la lecture secrète du Livre de la Loi suivante : thou fait référence à votre animal supérieur, you fait référence à votre animal central, ye fait référence à votre anima inférieur. [ Aussi, de remplacer systématiquement life par votre réponse IV, love par votre réponse V, et death par votre réponse VI. ] L'éclairage – pour ne pas dire le projecteur violent – que ce système braque sur le cheminement de chacun est farabuleux.
(2) La Gnose enseigne que le monde matériel et sa perpétuation physique ne sont pas gouvernés par Dieu lui-même, mais par Son "Grand Vizir", un démiurge inférieur, que la plupart des Ecoles ne considèrent ni "bon", ni "mauvais", mais simplement en charge du "sale boulot" de veiller simultanément sur le maintien de la connexion de l'humanité à Dieu (via le formalisme religieux) et sur la préservation et le développement de l'univers temporel (via les contingences matérielles) – D'où "les souffrance du Juste et la prospérité des Méchants" – Les Caïnites, toutefois, jugeaient le Démiurge (appelé par eux l'ange Saklas [ "le Dément" ] ou Hyster [ "le Second" ]) exclusivement maléfique et voyaient, par conséquent, le Tanakh comme une "boussole sud" – Ce fut également l'opinion des Cathares – Les Adeptes appellent Saklas-Iznogoud le "Grand Magicien" – l'ennemi juré du Maître du Temple – A un homme qui lui demandait un jour : " Vous êtes Eliphas Lévi, le Grand Magicien ? ", saint Alphonse-Louis Constant répondit : " Non. je suis Eliphas lévi, l'ennemi du grand Magicien. "
(3) D'où la tradition juive de s'enivrer, le soir de Pourim, " au point de n'être plus capable de distinguer entre ' A mort Haman ' et ' Vive Mardochée '."
(4) "Mix de Big Brother, de maton et d'Ubu" : j'ai employé cette formule pour la première fois en 2009 e.v., dans un texte sobrement intitulé Le Monothéiste est une variété de singe.
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